Quiconque franchit le pas d’adopter un chien sait qu’il sera confronté un jour à cela.
C’est toujours si lointain lorsqu’ils entrent dans nos vies.
Puis un jour, ce coup de massue derrière notre tête. On a beau s’y préparer, le savoir, que ça peut arriver, notre cœur n’est jamais vraiment prêt.
Récemment, tellement récemment que mes larmes ont à peine séché et recoulent encore le long de mes joues, un membre de notre joyeuse équipe s’est éteint. Brutalement, sans crier gare. Une maladie silencieuse qui ne nous a laissé aucune chance malgré une lutte sans merci qui n’aura même pas duré 24 heures.
S’en suit alors ce flot de pensées qui nous clouent au sol, ces souvenirs, ce chagrin qui nous submerge.
A nous, qui les aimons comme des membres de notre famille, comme des amis les plus proches, voilà notre fardeau : notre douleur n’a d’équivalent que l’Amour qu’on leur porte.
Une fois le cyclone de l’annonce passé, la réalité : connaissez-vous ces moments où vos mains, ou encore votre regard, les cherchent, où vous croyez les entendre, où votre cerveau n’imprime pas leur absence de ce coussin, de sous cette couverture, dans ce panier, à vos pieds, quand nous préparez votre repas ou le leur ? Ce moment où vous croyez entendre le son de leur voix, celui où, l’espace d’un instant, vous êtes convaincus de les apercevoir sortant de derrière la haie ou se relaxant près du divan ?
Les autres chiens qui cherchent, nos réflexes désormais inutiles, toutes ces petites choses qui faisaient partie du quotidien et qu’on croyait si banales, mais qui, en réalité, s’avéraient fort extraordinaires, et qui ont à présent perdu leur sens.
Perdre un chien, c’est devoir se réadapter à une nouvelle famille, qui compte un membre en moins.
C’est ce moment où, au début, on oublie, et on se rappelle brutalement.
Chacun vit ce deuil à sa manière. Il n’y a pas de chagrin plus juste qu’un autre. Parfois des larmes, beaucoup de larmes. Parfois un silence assourdissant, des remords, de la colère, mais peut-être aussi des sourires, souvent embués de larmes, à l’évocation d’une vie – toujours trop courte – remplie de joies, de ces moments de partage et d’un Amour simple et si réconfortant.
Quelle guérison à cette blessure au cœur ?
Il n’y a pas de réponse toute faite à cela. Nous avons beau nous marteler que le temps guérit tout, il ne suffit pas toujours à notre peine.
Nos bouts de chemin avec eux sont remplis de morceaux de bonheur.
Quoi de plus inspirant qu’un bonheur de chien ? Leurs vies sont pleines de ces plaisirs simples de l’existence, dont nous, humains, avons parfois – souvent – bien du mal à nous satisfaire. Profiter d’un bain de soleil, humer des parfums au vent, manger des flocons de neige, prendre le temps de s’étreindre tendrement, dormir collés sous un plaid, se délecter d’un bon repas, jouer comme des enfants, se rouler dans l’herbe, courir sur la plage ou dans un chemin…
Ils savent ce qu’est le bonheur. Savoir tirer de la joie de l’instant présent. Savourons ces instants que la vie nous offre, comme ils viennent, accompagnés de la douceur des moments passés et de l’attente joyeuse des bons moments à venir.
Nous sommes liés pour toujours grâce à nos souvenirs.